jeudi 17 novembre 2016 " Histoire de la justice des mineurs, de l’enfant coupable au sujet de droits (XIXe - XXe siècles) "


Conférence donnée par David Niget, maître de conférences en Histoire à l’Université d’Angers à l’Amphithéâtre de l’Espace de Formation du Saumurois

         A l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, David Niget propose d’aborder l’histoire de la cause des enfants à travers une institution emblématique de ce mouvement : le tribunal pour enfants.
        Aujourd’hui encore, cette institution cristallise l’opinion. On le constate dans le débat public dans de nombreux pays : chacune de ses réformes donne lieu à des débats sur la nécessaire protection des mineurs via des mesures éducatives, versus la nécessaire défense de la société contre les agissements de jeunes délinquants que la justice des mineurs ne sanctionnerait pas suffisamment.
          Depuis ses origines à la fin du XIXe siècle, la cause des enfants est controversée : protéger l’enfant, oui, mais tout en protégeant la société.

         Cette cause de l’enfance s’est progressivement construite dans chaque espace national, mais aussi et surtout dans la sphère transnationale, c’est-à-dire dans cet espace non pas international mais transnational, où des réformateurs privés et publics se rencontrent pour définir un problème social, construire une cause commune, et tenter d’établir des normes internationales de prise en charge de ce problème.

          L’articulation entre le local et le global est centrale dans la fabrication de la cause comme dans la définition des standards institutionnels et normatifs de prise en charge de l’enfance « en danger » et/ou « dangereuse ».

        De plus, on va voir apparaître au XXe siècle l’enfance comme un enjeu des relations internationales. Protéger l’enfant, notamment autour des deux guerres mondiales, va devenir une priorité internationale.

       Cette protection inclut la question originelle de l’enfance délinquante, mais va élargir sa définition de l’enfance à protéger aux enfants « en danger », vagabonds, orphelins, handicapés, etc.

      Matrice originelle de la protection de l’enfance, la justice des mineurs élargit alors son spectre d’intervention mais se voit également concurrencée par d’autres institutions médico-sociales.

      Parallèlement à cette injonction de protection, on assiste progressivement au XXe siècle à l’émergence de la notion de droits des enfants, où, de nouveau, la sphère transnationale joue un rôle clé dans la mise en place de normes à caractère « universel ».   



Une question qui se pose alors à l’historien(ne) est de déconstruire cette vision monolithique de l’universel pour comprendre les enjeux sociaux, politiques et diplomatiques de la construction de la cause des enfants.

 En outre, il s’agit de tenter de restituer la voix des acteurs muets de cette histoire, les enfants et les jeunes eux-mêmes.

Loin de rester passifs, ils deviennent, au XXe siècle, acteurs de leurs droits.

 à Saumur à 14h30 Square Balzac
tarif : 1, 3, 6 € - billetterie dès 14 h
adhésion annuelle : 18 €
 (en plus du 1/2 tarif, elle permet la participation aux sorties, voyages, ateliers, etc)