Conférence du jeudi 26 février 2015

« Alain (1868-1951), le citoyen simple soldat » 

par Pierre Heudier, professeur agrégé d'anglais honoraire,
Université de Tours, vice-président de l'association des amis d'Alain

« Alain qui, au côté de Jaurès, s'est efforcé d'empêcher le cataclysme qu'il pressentait, s'engage dans l'artillerie lourde. Il refuse d'être officier. Il a 46 ans.
Cette expérience de simple soldat renforcera son inlassable combat pour la paix et alimentera une part importante de son œuvre : Mars ou la guerre jugée bien sûr, mais aussi De quelques-unes des causes des guerres entre nations civilisées, sans oublier des centaines de Propos demeurés longtemps introuvables, et une très abondante correspondance en grande partie inédite.
Le combat de l'esprit contre les passions est le centre de la pensée d'Alain et la guerre, « crime passionnel », est à cet égard un objet de choix. Face au fatalisme qui mène à la guerre (« Tout ce qui va mal va de soi »), vouloir la paix, « toujours menacée, toujours précaire «  est un devoir absolu du citoyen vigilant, car « la paix, la vraie paix, la paix sans armes, dépend d'une défiance générale, en tous pays, des citoyens à l'égard de leurs chefs ».
La lecture de textes écrits avant, pendant et après le premier conflit mondial par celui qui ne cessa de dénoncer « cette guerre absurde, fruit d'algèbre et de littérature », permettra de saisir directement les aspects essentiels de son pacifisme atypique, exprimés dans « la plus belle prose d'idées du siècle » (André Comte-Sponville). »
"Ce qui m'attriste, c'est que cette guerre qui finira inaugure une guerre qui ne finira point entre les assassins et les assassinés ; et l'assassin pour moi ce n'est pas l'Allemand, c'est le Français dans son fauteuil."
"Les maux humains comme guerre, abus de pouvoir, absurde concentration des richesses, ne sont possibles que par l'incroyable aveuglement de ceux qui passent pour instruits."
"Cette guerre est un pari russe après le champagne. Il se peut que les deux peuples d'Occident, France et Allemagne, en soient malades pour toujours."
"Résister à la guerre et résister aux pouvoirs, c'est le même effort. Voilà une raison de plus d'aimer la liberté d'abord."
"L'honneur national est comme un fusil chargé."

Amphithéâtre du Lycée Duplessis-Mornay de Saumur à 14h30
1, rue Duruy - tarif : 1, 3, 5 € - billetterie dès 14 h